Mai 1565 – Les armées de Soliman le Magnifique attaquent Malte, siège des Chevaliers de l’ordre de Saint Jean de Jérusalem. Les 40 000 hommes de Soliman sont venus se débarrasser des 500 Chevaliers qui gênent le développement de leur commerce en méditerranée. Assistés par les Maltais, par des soldats espagnols, les Chevaliers, dirigés par leur Grand Maître, Jean Parisot de la Valette, alignent un peu plus de 9 000 combattants. Après 4 mois de siège, la situation est critique. Le fort de Saint Elme est tombé après un mois de résistance héroïque. Les Turcs établissent alors leur siège autour de Borgo, capitale de l’île et ses deux forts : Saint Michel et plus à l’abri, Saint Ange.
En aout, le Conseil Sacré des Chevaliers se réunit, présidé par Jean Parisot de La Valette. Les renforts attendus de Sicile et d’Espagne ne donnent pas de nouvelles. L’ambiance est morose. 1000 combattants sont encore valides contre 15000 pour les armées Turques. Les Chevaliers estiment que « la juste raison militaire » serait d’abandonner la ville et le fort Saint Michel très endommagé, pour se replier vers le fort de Saint Ange, encore intact. Mais, les douze mille Maltais seraient abandonnés à leur sort funeste. Jean Parisot de la Valette questionne le Conseil : « Quel est la raison d’être de notre Sainte Religion (C’est ainsi que se nomme l’Ordre des Chevaliers de Saint Jean de Jerusalem) ? Nous ne sommes pas seulement des soldats…Nous sommes des hospitaliers. Notre but originel était de défendre les pèlerins en route vers Jerusalem. C’est la première et dernière règle de notre ordre : Protéger la foi et servir le pauvre »… « Agir ainsi (replier les combattants vers Saint Ange) reviendrai à signaler à nos soldats que nous nous attendons à la défaite ». La Valette décide d’évacuer le château Saint Ange pour que les Maltais comprennent que les Chevaliers se battraient auprès d’eux. Il décide de détruire le pont qui relie le château à la ville et de transférer les reliques dans la ville.
Ce petit récit a pour origine un roman d’action de Tim Willocks – La Religion. Je ne dévoile pas la fin. Mais ce roman éclaire de manière romantique comment le « Pourquoi » guide l’action d’une organisation. Bien sur, c’est un roman, les protagonistes sont des religieux plutôt belliqueux, mais il y a un lien entre leur raison d’être et leur décision devant un contexte désespéré. Même dans l’adversité, rester fidèles à leur raison d’être leur permet de dépasser leurs limites et de n’abandonner personne. Le « Pourquoi ? » est important dans les organisations qui durent. Peter Senge (La Cinquième Discipline) l’avait étudié : les entreprises dont la mission était partagée par les différentes générations de salariés n’étaient pas absorbées par d’autres. Elles se transformaient sans perdre leur culture.
Dans ce roman, il y aussi une valeur qui me touche énormément : « nous sommes aussi fort que le plus faible de nos membres ». Les Chevaliers se mettent au service des Maltais. C’est très lié à deux histoires que j’ai entendu il y a peu. Dans un petit village alsacien dont une partie de ma famille est originaire, il y a un monsieur vivant avec un handicap mental qui fait qu’il est resté « simplet ». Tous les entrepreneurs du village se sont arrangés pour l’employer pendant toute sa vie active. Ils ont été solidaires avec cet homme et sa famille. "C’est la même chose dans la communauté israélite", me dit une amie, nous n’abandonnons personne. " J’aurai pu bénéficier de l’aide de la communauté lorsque j’ai quitté mon mari et sa région pour revenir en Alsace. " Cette valeur est importante, car lorsqu’une organisation se transforme, certaines personnes se retrouvent vraiment en difficulté. Cette difficulté peut aussi se transformer en obstruction. Et c'est à nous de décider comment nous nous traitons ensemble.
La clarification de la vision, des valeurs et de la mission sont des outils, mais plus exactement, de l’énergie et du sens, pour trouver de nouvelles idées, essayer de nouvelles solutions, garder le moral, le cap et ses racines. Portez vous bien !
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